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Association paritaire pour la santé et la sécurité
du travail, secteur "Administration provinciale"

Courrier du cœur: Capitaine, Oh Capitaine!

Rédigé par: APSSAP

Je suis gestionnaire d’un petit établissement gouvernemental. Nous avons vécu plusieurs changements dans les derniers mois, en plus des contraintes budgétaires. Je dois non seulement m’assurer qu’un certain rendement est atteint, mais je dois également veiller au bien-être de mes employés. J’avoue que moi aussi, je suis à bout de souffle. Comment faire pour maintenir la tête hors de l’eau ?

– Un gestionnaire épuisé

Cher gestionnaire épuisé,
Votre situation semble effectivement comporter son lot de défis, ce avec quoi je compatis. Les coupures budgétaires et les restructurations qui en suivent affectent effectivement les équipes de travail, dont vous faites partie. Sans manquer de considération pour ce que vivent vos employés, ce qui m’interpelle en premier lieu dans votre message, c’est votre état.

De par leurs fonctions, les gestionnaires vivent parfois des tensions de rôles. Comme vous l’avez très bien relevé, ils sont imputables du rendement et des opérations. Et en même temps, ils ont un impact considérable sur la qualité de vie au travail et la santé psychologique de leur troupe. En effet, les gestionnaires peuvent agir sur les facteurs de risques à la santé psychologique auxquels sont exposés les employés dans le cadre de leur travail (St-Hilaire, 2012). Par exemple, ils peuvent clarifier les mandats, offrir des opportunités développement professionnel ou ajuster la charge de travail.

Il ne faut toutefois pas oublier que les gestionnaires sont eux-mêmes plus à risque que d’autres de vivre du stress au travail (Crompton, 2011; Khireddine et al., 2015). Et si les préjugés face à la santé mentale au travail ont diminué, il en subsiste encore, spécialement pour les gestionnaires. Pour plusieurs, un capitaine ne saurait abandonner son navire! Et admettre que ça ne va pas est parfois perçu comme une désertion morale. On se dit que cela fait partie du rôle du gestionnaire de faire face aux intempéries. Mais selon moi, un bon capitaine sait aussi reconnaître quand son état de santé rend la navigation difficile. Un engagement au travail élevé combiné à un sens aigu des responsabilités amènent bon nombre de gestionnaires à s’échouer au plan de la santé mentale. Or, personne n’y gagne au change. Certaines limites doivent être posées.

C’est donc tout à votre honneur de reconnaître votre sentiment d’épuisement et de demander de l’aide.

Je vous suggère de trouver les ressources qui vous permettent de mieux transiger avec vos tâches de gestion, tout en vous occupant de votre santé. Et des ressources, il y en a!

Vous pouvez faire appel à votre programme d’aide aux employés (PAE), aussi appelé le programme d’aide aux personnes (PAP). Bien souvent, le département des ressources humaines de votre ministère / organisme peut vous fournir les coordonnées du PAE / PAP. C’est d’ailleurs une bonne occasion de les faire connaître aux employés. Je vous rappelle que les services offerts par le PAE sont confidentiels et gratuits. Leurs professionnels peuvent vous aider pour plusieurs types de difficultés, tant personnelles que professionnelles. De plus, plusieurs PAE / PAP offrent du support et de l’accompagnement aux gestionnaires, par exemple, lors de retour au travail d’employés suite à une absence prolongée.

Outre le PAE / PAP, l’ordre des psychologues du Québec propose de vous accompagner dans la recherche d’un psychologue. Vous pouvez contacter au 1-800-561-1223 ou via leur site web .

Les conseillers en ressources humaines de votre ministère ou organisme sont également en mesure de vous soutenir dans la réalisation de vos tâches. Que ce soit en vous offrant des opportunités de formations, du coaching de gestion ou des conseils.

Il s’agit surtout de ne pas hésiter à aller chercher de l’aide lorsque c’est nécessaire!

En parallèle, il sera important de réfléchir à des moyens de prévention des problèmes de santé psychologique au travail. En effet, considérant les changements organisationnels en cours, ce que vos employés vous rapportent et ce que vous-même vous vivez, fort à parier que votre équipe et vous êtes exposés à des risques psychosociaux (RPS). Ces derniers désignent l’ensemble des facteurs organisationnels et relationnels au travail qui peuvent avoir un impact sur la santé. Pour bien identifier ces risques et établir un plan d’action en conséquence, n’hésitez pas à vous faire aider du comité de santé et de sécurité du travail (CSS). Ce dernier possède une lecture du milieu de travail souvent très pertinente et vous ne serez pas seul à ramer dans vos efforts de prévention. De plus, les actions préventives gagneront en crédibilité puisqu’elles seront déterminées de façon paritaire et viseront l’ensemble des travailleurs. D’autre part, vous pourriez contacter le coordonnateur en santé et sécurité du travail de votre ministère / organisme. Ce dernier peut vous épauler dans l’identification des risques, vous guider dans votre rôle en prévention et vous fournir de la documentation pertinente.

Je vous encourage donc dans l’élan qui vous a amené à m’écrire. Comme dirait ma mère, « ouvrage commencé est à moitié terminé ». Vous avez déjà franchi une étape importante, soit la reconnaissance de ce qui vous habite et des difficultés auxquelles est confrontée votre équipe. Je vous incite à maintenir le cap et à continuer de poser les actions qui s’imposent pour prendre soin de vous et de votre équipe.

Bonne continuité,
Annie