Nicolas Turgeon, 24 ans, est devenu paraplégique à la suite d’un accident du travail. Sa vie et celle de ses proches ont alors pris un autre tournant. « Si j’avais pris le temps de suivre ce qu’on m’a dit dans mes cours […], ça aurait tout changé », admet le jeune homme. C’est avec la diffusion de son témoignage que Julie Forest, conseillère en prévention à l’Association paritaire pour la santé et la sécurité au travail, secteur Administration provinciale (APSSAP), a commencé sa conférence au Grand Rendez-vous santé et sécurité du travail.
La conseillère a voulu sensibiliser le public à l’importance de la prévention et aux conséquences d’un accident du travail. « La santé et la sécurité au travail (SST) est la responsabilité de tous. Un accident a beaucoup de répercussions sur la personne blessée, mais aussi sur sa famille », observe la conférencière. De plus, une telle tragédie nuit à l’entreprise où évolue le travailleur. Les employeurs ont tendance à oublier ce point. « En plus de devoir acheter du nouveau matériel, payer des indemnisations et former un remplaçant, les employeurs voient leur réputation entachée par l’événement », a énuméré Julie Forest. Elle a ajouté que des organisations perdent parfois leur « homme clé » et voient leur production diminuer à cause d’un accident bête et évitable.
Repérer concrètement les risques présents dans un milieu de travail est essentiel pour prévenir des tragédies. « Et ça ne doit pas être juste une petite visite touristique du lieu ! », s’est exclamée Mme Forest en mimant un employeur qui ne fait que jeter un coup d’œil rapide à ses appareils. Selon elle, la personne chargée de l’inspection doit avoir une grille d’inspection détaillée. La vérification doit aussi intégrer les travailleurs au processus. « Ne vous posez pas les questions qu’en comité ! Les employés sont les mieux placés pour savoir quels risques ils rencontrent durant leurs journées. » Elle a ajouté qu’il est essentiel de bien former les travailleurs et de leur expliquer comment porter leur équipement de sécurité. « C’est bien beau de fournir l’équipement, mais il faut que l’employé l’utilise correctement. »
La conférencière a abordé l’aspect législatif de la SST avec humour, présentant des images de travailleurs exagérément téméraires. Elle a affiché, par exemple, la photo d’un homme installé sur le toit d’un bâtiment avec sa tondeuse à gazon. « Cet individu, quand il s’est levé le matin, s’est dit que ce serait une belle idée pour sauver du temps ! Mais côté sécurité, ce n’est pas fort » a avoué en riant Julie Forest.
« Vous savez que les inspecteurs de la CSST peuvent maintenant donner des amendes autant aux employeurs qu’aux travailleurs, a-t-elle lancé aux spectateurs. Donc, ce n’est pas vrai que c’est toujours l’employeur qui peut être tenu responsable. Au contraire ! Un travailleur qui agit dangereusement peut se voir imposer une amende », a-t-elle précisé. C’est là que le titre de la conférence – La santé et la sécurité, c’est l’affaire de tous – prend tout son sens.
Mme Forest a tenu à rappeler que depuis 2004, les manquements en santé et sécurité du travail ont des conséquences juridiques en vertu du Code criminel du Canada. « Ce n’est plus seulement une petite tape sur les doigts. Les fautifs peuvent être accusés de négligence criminelle, avoir un casier judiciaire », expose la conseillère, qui estime que de telles mesures encouragent les gens à prendre la SST plus au sérieux.
Julie Forest a terminé sa présentation en mentionnant qu’il est important que chacun soit conscient qu’il est responsable de sa SST et de celle des autres. « Tous doivent travailler ensemble », a-t-elle insisté avant de remercier les spectateurs.
* Les opinions exprimées dans les articles n’engagent que leur auteur(e) et ne reflètent pas nécessairement celles des représentants de l’APSSAP.