Un de mes collègues est en arrêt de travail pour épuisement professionnel. Cela fait quatre fois en trois ans qu’il s’absente du travail pour des périodes variant de 3 à 5 mois. Cette situation m’irrite et m’épuise, car à chaque absence, ma charge de travail augmente. Je me demande aussi si cette personne est vraiment malade… Que me suggérez-vous ?
– Anonyme, Québec
Il arrive effectivement que des absences ne soient pas comblées et que les tâches de la personne absente soient réparties dans le reste de l’équipe. Idéalement, une certaine évaluation de l’organisation du travail avec les membres de l’équipe devrait être effectuée lorsqu’un travailleur s’absente pour éviter les situations de surcharge de travail et les problèmes que cela occasionne. Si cela n’a pas été fait dans votre cas, je vous suggère de discuter avec votre gestionnaire de votre état d’épuisement et de tenter de trouver des façons de pallier à la charge de travail augmentée de façon temporaire. De fait, votre état de fatigue m’interpelle particulièrement et des actions doivent être posées en ce sens. Personne ne serait gagnant si vous vous absenter également pour cause d’épuisement professionnel.
Quant à votre collègue, disposez-vous d’assez d’éléments d’information qui vous permettent de juger objectivement la situation? Il est possible que non, puisque les motifs d’une absence sont confidentiels, à moins que la personne partage la cause de l’arrêt de travail de façon ouverte. Spéculer sur la légitimité de l’arrêt de travail pourrait saper le peu d’énergie que vous avez, d’autant plus que vous n’avez pas de contrôle sur la gestion de son dossier d’invalidité. L’important, c’est de vous occuper de vous et de voir comment il est possible de pallier à cette absence sans drainer votre entrain et votre énergie! Votre sentiment d’irritation peut également être lié à la fatigue que vous ressentez. Néanmoins si ce sentiment persiste, même après ajustement de vos tâches de travail, soyez conscient que vous ne pouvez pas changer votre collègue. Mieux vaut rester professionnel dans vos interactions avec cette personne.
Sachez toutefois qu’au Canada, les problèmes de santé psychologiques sont la principale cause des demandes d’invalidité au travail (Sondage Au travail! 2011-2012). Quant au nombre d’arrêts de travail, il est reconnu dans la littérature scientifique que la possibilité de rechuter est bien réelle à la suite d’un problème de santé psychologique. Par exemple, dans le cas de votre collègue, si le travail était à l’origine de l’arrêt et qu’aucune mesure n’a été prise pour corriger la situation, cela pourrait peut-être expliquer en partie ces rechutes. Cependant, d’autres causes peuvent être aussi liées à l’arrêt de travail, telles que l’absence de traitements adéquats, des traits de personnalité et des événements de la vie personnelle.
Je voudrais également attirer votre attention sur le fait que le retour au travail n’est pas nécessairement synonyme de reprise complète d’un état de santé normale. Pour 46% des personnes effectuant un retour au travail, le problème n’était pas résolu (St-Arnaud et al., 2004). Il est donc possible que des enjeux tels que les modalités de retour au travail ou de traitements inadéquats, puissent expliquer ces arrêts répétés